7.11.11

mes ailes

Durant mes 2 premières années de BAC, j'ai déniché une job d'étudiante pendant mes étés qui m'a permise de m'envoyer en l'air...

BOULOT : Agente de bord pour Air Canada

Années : étés 2007 et 2008
Objectif: voir le monde à bas prix
Base : Toronto, YYZ

Processus d'embauche

Étape 1 : Porte-ouverte à l'hôtel Hyatt au centre-ville de Montréal. L'occasion m'aura coûté l'achat de mon premier complet. En tailleur, à l'âge de 19 ans, j'étais intimidée par "l'hauteur" de l'emploi. Tellement, que j'ai même oublié mon CV sur la banquette arrière de l'auto de ma mère. Quand j'ai constaté l'oubli, mon stress était à son apogée! C'était en matinée et il y avait déjà plus de 300 personnes en attente. Une ligne digne d'un line-up d'entrée dans une fourmilière. Un processus d'embauche laborieux nous attendait, nous les futures ouvrières.

1er entretien. 30 min. Survol de notre expérience professionnelle.
2e entretien. 20 min. Test linguistique.
3e entretien. 30 min. Expérience de service à la clientèle.

Étape 2 : Deuxième "round" d'entrevues, une semaine plus tard.

4e entretien de groupe. 40 min. Simulation de crise.
5e entretien. 1hre. Test d'habileté, de personnalité et d'intérêt.
6e entretien. 1 hre. Entrevue de fond, comparable à un interrogatoire. 

Étape 3 : Test médical et de dépistage

Étape 4 : 7 semaines de formation intensives au siège social de Montréal, destination quartier industriel de Côte-Vertu. Une thérapie en uniforme, tolérance zéro pour les retards sans oublier le déversement de "spray net", car aucun faux pli n'est le bienvenue. De 4 pm à 1 am, nous révisions toute la flotte du parc aérien d'Air Canada. Le seuil de passage aux examens était de 90% avec une reprise exigeant 100%. Pas de passe droit. La sécurité, la priorité.

Emploi

Après avoir passé au peigne fin ma vie pour obtenir ma passe de sécurité, j'étais équipée pour tous les recoins des aéroports internationaux. Ma "multi-pass" en main, mes valises qui contenaient lourdement ma vie, mon uniforme, tout sauf flatteur pour la silhouette et mon sourire tatoué étaient tous prêts pour l'aventure. 

Ma base d'attache étant Toronto, je devais me trouver un pied à terre. J'ai loué avec 10 agents de bord une maison dans High Park, le pseudo "plateau" résidentiel de Toronto. Ça faisait du monde à messe, vous me direz, mais non. Notre "commuter place" a été l'hôte au maximum de 3 d'entre nous en simultané.

Ma routine de travail = aéroports, vols, hôtels.
Mes congés = aéroports, vols, hostels.

Nous avions des privilèges de vols. Après un "pairing" de travail de 5 jours dans l'Ouest Canadien, je partais visiter mes amis britanniques pour la modique somme de 30 $ aller-retour. Les tarifs étaient en fonction des taxes d'aéroport, puisqu'un aller-retour à Hong Kong nous coûtait que 17 $!!! J'ai alors profité de chaque opportunité pour m'envoler et découvrir de nouvelles destinations, même si parfois je passais à l'improviste comme un coup de vent dans certaines villes. Je partageais ce plaisir avec des amis en leur faisant des "lifts" à rabais. 

Grévistes d'actualité

Toutes ces destinations c'est bien beau, mais ce n'est pas de tout repos. Nous étions tenus de travailler de longues heures. Notre chèque de paie dépend de l'état du frein de l'avion. Le compteur commence une fois enlevé et s'arrête une fois remis en sol étranger. Alors le temps d'attente dans les aéroports = 0$ en plus de l'emmerdement en bonus. Vous vous imaginez le cauchemar quand l'avion est au sol le frein bien enfoncé en attente de décollage ou d'inspection mécanique et les passagers qui se plaignent, bien qu'avec raisons, du retard et qui expriment haut et fort leur frustration. Nous avec notre sourire en apparence, nous pensons en silence : je suis même pas payé pour t'entendre gentiment chialer! Il y a des journées noires, où notre horaire correspond à 4 aller-retour Toronto-Ottawa. Un vol d'une durée de 55 minutes, mais avec de nombreuses heures d'attente. Bilan financier : 4 heures payées pour une journée de travail de 12 heures. POW! Croyez moi, on prie pour que ça arrive pas trop souvent, pour le moral et pour le porte-feuille. De là, l'envie de soudoyer les responsables de l'affectation des vols Crew Scheduling surnommée à l'occasion lors de mécontentement "Screw Sched"! J'en parle avec beaucoup d'humour, mais ces réalités du métier font l'objet de revendications de la part des employés d'Air Canada. Les syndicats sont actuellement en négociation des nouvelles conventions collectives. Ça brasse et hop les turbulences de conditions de travail!

Pour ma part, j'en garde de bons souvenirs. Mes conditions d'embauche étant sur une base contractuelle estivale, je tirais le meilleur de l'emploi. Mes destinations favorites : Sao Paulo, Tel Aviv, Londres, Vancouver, Winnipeg, Los Angeles, San Francisco et St-John's Terre-Neuve, les "Newsfies" sont d'une gentillesse infinie. 

Pour rire

PAX : Madame, nous volons au-dessus de quelle ville ?
MOI : Malheureusement, j'en ai aucune idée.
MA TÊTE : à 30 000 pieds d'altitude, sérieusement, je sais-tu moi. Non, je suis pas un GPS, et double non je ne vais pas appeler le pilot pour lui demander! Il est trop occupé à parler de nos jupes avec le co-pilote ;)

PAX : Lui, à côté (parlant du voisin) il pue! J'exige de changer de place.
MOI : Je suis navrée de vous informer que le vol est complet. 
Impasse odorante. Je dois mettre du café entre les compartiments à bagages supérieurs et les sièges, affaire de dissiper l'odeur.

Je vous épargne les plaintes sur la nourriture, le manque de rangement pour les valises, les écrans tactiles qui figent, les passagers super-héros qui font l'usage des toilettes lorsque la consigne lumineuse des ceintures est allumée en phase de turbulences et les péripéties des démonstrations des mesures de sécurité. Je termine avec l'avertissement suivant: l'alcool en altitude peut vous jouer des tours surtout combiné à de la médication, c'est tout un cocktail. Ah oui! Les sacs prévus pour les malaises de type vomis dans la pochette devant vous, ce n'est pas pour coller vos gommes après le décollage!

Je vous souhaite un bon vol!























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